Rencontre avec Richard de Brie Alto

Il y a un peu plus d’un an s’est ouvert Brie Alto, une fromagerie française en plein Chamberí,, pour le plus grand bonheur de la communauté francophone et/ou gastronome du quartier. On avait déjà fait un mini-interview à brûle-pourpoint de Pauline et Richard sur nos stories d’instagram mais nous étions curieuses d’en savoir plus sur l’itinéraire de Richard, un itinéraire qui ne l’a d’ailleurs pas mené directement à Madrid.

Titulaire d’une licence Staps (fac de sport), et quelques diplômes d’entraînement foot, Richard Dhieras (41 ans) est devenu crémier fromager il y a 15 ans et a été à son compte pendant 10 ans à Bordeaux, au marché des capucins avec la Ronde des Fromages. Il connait son domaine.

Marié avec Laetitia depuis 4 ans mais ensemble depuis 17 ans, ils ont 2 garçons : Martin 10 ans et Léopold 7 ans. « Nous sommes arrivés à Madrid en Juillet 2020. Nous avions 3 rêves après notre mariage en 2018, faire un tour du monde, vivre sur une île et ouvrir une fromagerie à Madrid. Tout ça en famille. »
Avant de débarquer à Madrid, ils ont donc visité une dizaine de pays (États-Unis, Japon, Cambodge, Laos…) puis ils ont atterri à Tahiti. « Un paradis pendant 2 ans, où j’ai acheté un food truck et fait des tacos pendant 1 an. »

En raison de la pandémie, ils ont du avancer leur projet d’un an et l’aventure madrilène a commencé. « J’ai appelé Pauline, ma belle sœur, et je lui ai simplement demandé si elle était partante pour ouvrir une fromagerie française à Madrid. Elle a dit banco en 2 sec !! Je me suis dit: c’est parfait. »

Malgré la distance, Richard trouve le futur local de Brie Alto depuis Tahiti pendant la première vague de la pandémie. « Pauline a donc dû attendre le premier déconfinement pour visiter le local. » À partir de là, tout s’est enchaîné très vite : rdv avec les archis, trouvés par Pauline, en vidéo depuis Tahiti et début des travaux en Septembre 2020 pour une ouverture le 1er décembre 2020. 

Pour choisir leur logement familial, ils ont d’abord voulu trouvé l’école des enfants. « Ce qui n’était pas une mince affaire à 15.000 km de l’Espagne avec 12h de décalage! On connaît un peu madrid, on regarde un peu le classement des écoles… c est pas facile je vous promets. »

L’école française n’était pas un critère, de fait de son emplacement et budgétairement parlant. Cependant, la rentrée approche petit à petit « et la boule au ventre se forme. Je sais qu’avec le grand, ça va être compliqué. J’angoisse vraiment. Je me mets à leur place et me dis que si j avais été eux, je me serais littéralement fait pipi dessus ».

En effet, les garçons ne parlent pas un mot d’espagnol et font leur rentrée dans une école inconnue ET dans un pays où ils viennent de débarquer : « Crise à 9h du mat devant l’école. Mon ventre se tord de plus en plus. Et le petit prend son grand frère par la main et lui dit: viens Martin, on y va!!! ». Après une journée d’angoisse, Richard arrive à la grille de l’école 15 min avant la sonnerie de fin de journée. « Et là je me détends enfin. Mon grand a le sourire et son petit frère également ». Tout s’est bien passé. 
« Je suis très fier de mes enfants. Vraiment je les admire pour ça. Après un tour du monde, 2 écoles à Tahiti les voilà ici à Madrid face à de nouvelles aventures. On voulait qu’ils s’adaptent. La preuve par 1000. 
On a souvent peur pour nos enfants. Mais ils sont bien plus forts que l’on pense. Ce sont des rocs que l’on doit protéger mais aussi que l’on doit laisser s’exprimer. »

Bien qu’à la maison les 4 parlent uniquement français, au bout de quelques mois, les garçons se débrouillaient en espagnol. Maintenant, après 1 an et demi, ce sont comme de vrais espagnols., Cette intégration était importante pour Richard et Laetitia qui se projettent vraiment sur leur vie en Espagne. « Ma femme et moi sommes des entrepreneurs et c’est un caractère que l’on veut transmettre à nos enfants. Nous sommes arrivés tous les 4 à Madrid sans garantie, sans travail, sans filet mais avec beaucoup d’envie et d’espérance. » 

Et pour finir, le petit questionnaire habituel sur Madrid et la vie en Espagne :

  • Mon quartier préféré: je ne connais pas encore tout ici, mais j’aime Chamberí. 
  • Mon plaisir gastronomique: clairement c’est mon gros problème ici. J’adore manger, je cuisine tout le temps (ma femme ne cuisine jamais). Maintenant je suis vraiment plus orienté poisson que viande. J’adore regarder les étales de poissons. La gentillesse des commerçants qui t’enlèvent les arrêtes, te coupent en tranche… Jamais tu ne vois ça en France. Après mon gros pêché ici, c’est le vermouth. Roooooo j’adore. 
  • Une escapade? J’ai toujours travaillé le dimanche. Alors en arrivant à Madrid, j’ai juré de ne plus travailler ce jour là. On adore se promener en famille. Dans Madrid ou dans la Sierra. Nous n’avons pas de voiture, c’était un souhait. Nous louons à des particuliers pour la journée ou le week end. C’est top. 
    Maintenant les garçons sont assez grands pour arpenter la Sierra. On kiffe grave. J’aime partir tôt, pique-niquer et rentrer le soir. Par contre, on a une règle : tous les devoirs sont faits le vendredi soir. On ne travaille pas le week end. 
  • Quand je quitte l’Espagne, ce qui me manque : son ambiance, les espagnols. Je les trouve d’une simplicité et d’une gentillesse fantastique. J’aime les espagnols. 
  • Habitude ou tradition adoptée? J’adore le mot Chaval. Le caviste à côté de la fromagerie m’appelle toujours comme ça. J’aime bien. 
    Et aussi, manger tard. Surtout le week end. J’hallucine quand tu passes devant un resto en semaine et qu’il n’y a personne avant 14h.  À Tahiti on pouvait se coucher à 20h. Ici impossible. Le week end, on mange facilement à 15h. Mais les soirs d’école à 9h30 les enfants sont au lit! 

Mot de la fin: quel pied d être à Madrid. Quel pied d’être un étranger à l’étranger. On a quitté la France avec un goût amer. Moins attaché, moins de rêve là-bas. Maintenant, j’aime la France depuis l’étranger. Elle ne me manque pas par contre. Mais je suis très fier, à travers mes produits, de pouvoir contribuer à donner une belle image de mon pays. Et je m’y applique vraiment chaque jour. 

Vous pouvez retrouver Richard et Pauline dans leur fromagerie du marché de Chamberí :
Brie Alto – Calle Alonso Cano, 10 – 28010 Madrid – 647 69 09 17
Web : https://www.briealto.com/
Instagran : https://www.instagram.com/briealto/

Brie Alto est aussi sur le marché de Vallehermoso, calle de Vallehermoso, 36 – 28015 Madrid

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